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 — Lock me in your heart » ✉ ft. Heini

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Mayor Helga J. Sharp
の SHE WANTS IT ALL
Mayor Helga J. Sharp
» MESSAGES : 114
» WHERE ARE YOU ? : behind my desk in my town hall, honey;
» POWER : memories control;
» RPG AGE : 25 years old;
» JOB : mayor of Forks town;
» WHO ? : Katie Cassidy;
» MULTI COMPTES : Sulpicia Volturi;
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Ϟ INSIDE OUT & UPSIDE DOWN Ϟ
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MessageSujet: — Lock me in your heart » ✉ ft. Heini   —  Lock me in your heart » ✉ ft. Heini EmptyMar 2 Avr - 23:52









« When I sleep I dream of red eyes and skin that's colder than ice. When I wake he takes me by surprise cause he's been watching me all night. Each day I pray for rain so I don't feel the pain of waiting. And when he's gone I feel like everything that's real is fading.

And if he could read my mind he'd see how much I want to change. I hold my breath until the day ; there's nothing in my veins.

He's got a heart made out of stone. He says I'm better off alone. But my one desire is to feel that fire, oh-oh – I'm in love with a vampire
»

I’m in love with a vampire ★ SAVING JANE


~

Il faisait nuit, et d’épais nuages grisâtres parsemaient désormais le ciel, masquant selon un certain angle cette grossière lune argentée. Elle semblait briller, d’aussi loin, et diffusait ses vastes rayons translucides le long d’une grande étendue d’herbe fraîche, récemment coupée. L’aéroport de la ville était agréable, certes beaucoup moins grand que celui de Seattle ou de n’importe quelle autre grande ville gorgée de citadins pressés et hautains, mais cela satisfaisait pleinement Helga Sharp. Elle avait vécut beaucoup trop d’années exposée à cette masse humaine, à ces passants qui vous bousculent, qui courent, qui rient, qui vous sourient sans réellement vous accorder la moindre importance. Helga appréciait autrefois cela, mais depuis son arrivée dans cette paisible bourgade, quelque chose semblait s’être brisé en elle. Même son vénérable grand-père s’en serait étouffé. La mairesse Sharp prenait un grand plaisir à vivre en étant bien moins entourée qu’avant, à profiter des choses banales de la vie. Tout semblait prendre de l’importance, même la légère humidité présente sur cette touffe verdâtre à ses pieds. L’herbe lui paraissait plus fraiche, et l’air plus pur, chaque immeuble retrouvait ses couleurs, comme si ces derniers avaient été peints en noir et blanc avant ce jour. Elle redécouvrait le monde ; son monde. Il s’agissait de sa ville, désormais, et elle aspirait à vivre ses nouvelles responsabilités avec minutie. Des vies humaines, sans grande exagération, dépendaient de ses mots. Cela suffisait amplement à gonfler son orgueil, à l’embellir inexplicablement. Helga Sharp était magnifique dans sa petite robe fourreau Burberry grise à motifs écossais en laine vierge.

Oui, tout avait un bien meilleur goût à ses yeux ; beaucoup plus savoureux. La vie était devenue appétissante depuis qu’elle en avait la responsabilité.

Elle marchait, du haut de ses talons aiguilles Jimmy Choo le long de la piste d’atterrissage, ayant traversé un petit coin de verdure présent afin d’égayer cet endroit jugé d’une modernité bien trop glacée & impersonnelle. Son jet privé l’avait conduite jusqu’à Seattle, auprès de son grand-père ce week-end, afin de s’entretenir avec lui sur de vieilles histoires de famille et de le remercier pour son soutien financier. Hors, même si Helga appréciait passer du temps avec ses grands-parents, elle avait dut revenir à Forks dans le premier avion afin d’être disponible pour ses rendez-vous dans la matinée du lundi. Ce court week-end lui avait néanmoins permit de faire le point sur ce qui la frustrait. Elle avait également repensé à lui, à cet homme, rencontré autrefois en Bavière. Sa Bavière natale. Helga fut assaillie par de nouveaux flashs, mitraillant ses pensées, lui faisant perdre monotonement le contrôle des choses et de ses mouvements. Elle se revoyait installée près du gigantesque balcon dans le manoir familial, les yeux rivés sur la piscine privée. Le visage d’Heinrich apparaissait dans ses pensées, ainsi que son sourire, ses délicieuses et fines lèvres rosées s’étirant en un rictus qui la charmait tant. Il était si beau ainsi.

Helga ferma automatiquement les yeux de manière à brouiller cette vision, à la supprimer définitivement de son esprit. Elle se refusait tout simplement de repenser à lui, ou d’en éprouver un plaisir certain. La mairesse de la bourgade soupira, en proie à une nouvelle crise d’angoisse. Elle n’était jamais parvenue à se remettre de cette « rupture ». Si on pouvait encore qualifier cela de rupture ; comme s’ils avaient été en couple, comme s’il lui avait promit de l’aimer et de toujours rester à ses côtés. Comme si…ses fantasmes avaient pus se réaliser. Hors ce n’était pas le cas, et depuis toutes ces années, elle s’était efforcée d’y tirer un trait définitif. D’effacer à tout jamais de sa mémoire l’image de cet allemand.

Décidée à rentrer dans sa charmante petite maison le plus tôt possible, ayant une sainte horreur de traîner trop longtemps seule dans un pareil lieu en pleine nuit, la mairesse entreprit de se dépêcher et traversa l’aéroport sans un regard derrière elle. Helga marchait d’un pas rapide le long des ruelles, passant devant de grands arbres centenaires dont quelques fleurs commençaient à naître entre leurs larges feuilles verdâtres ; signalant l’arrivée du Printemps. Pourtant, même si le seul son de ses talons résonnait dans la froideur de la nuit, quelque chose la mettait mal à l’aise. Elle sentait comme une présence, à ses côtés, tout près ; lui glaçant le sang.

Une grimace apparue sur le charmant visage poudré, légèrement maquillé d’Helga Sharp. Elle fronça ses fins sourcils blonds et s’arrêta d’un bond. Helga surprit ses petites mains manucurées d’un beau rouge sang se mettre à devenir progressivement moites, et à être secouées de brefs tremblements inexplicables. Le cœur de la bavaroise commençait à battre la chamade, comme autrefois. Quelque chose n’était pas comme d’habitude, et elle le savait. Cela l’effrayait tout simplement. Elle ne se sentait pas bien.

Il y avait comme…une impression de déjà-vu.

Un frisson traversa son frêle corps élancé, tandis qu’elle tournait très lentement sa tête de façon à faire face à cette ombre qui n’avait cessé de la suivre, de darder sur elle un drôle de regard. Helga n’était pas idiote. Elle se savait observée, épiée vicieusement. Discrètement, la belle blonde glissa sa main à l’intérieur de son sac à main vernis Dior de couleur noir. Elle ne se séparait jamais de sa fidèle arme dont la crosse était délicatement nacrée. Un petit revolver qui la rassurait, lui conférait cette sensation d’immunité, de protection. Comme si lors d’une agression, elle aurait pu avoir le temps de la dégainer.

« Qui…qui est là ? » siffla-t-elle de sa voix perçante, faisant tout pour contenir ses émotions et ne montrer aucun signe de faiblesse ou de peur. Pourtant, Helga était réellement effrayée. Mais cela la tuerait de le montrer à qui que ce soit. « Montrez-vous, j’en ai assez. »


SONG: What a bad day (LITTLE FREAKY THINGS) ★ OUTFIT: HERE ★ MOOD: lazy ★ NOTES: Fais moi peur mon amoureux. *moue charmeuse*
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MessageSujet: Re: — Lock me in your heart » ✉ ft. Heini   —  Lock me in your heart » ✉ ft. Heini EmptyDim 7 Avr - 12:23

Forks.
L'endroit n'était pas différent de la Roumanie, simplement plus civilisé. Plus développé, en accord avec le monde moderne. Le climat était fort semblable, beaucoup de pluie, de froideur, une population à l'intelligence allant de moyenne à nulle, parsemée de quelques créatures surnaturelles et n'attendant plus qu'un maître digne de ce nom pour installer son château en haut d'une colline. Une première impression pas si éloignée de la réalité, il suffisait de voir les soucis que le vampire avait rencontré à l'aéroport local. Il était arrivé trois jours auparavant après de longues heures de vol et avait atterris au petit jour, se réjouissant qu'il n'y ai pas un seul rayon de soleil à l'horizon. Quoi qu'il soit peu soucieux des lois volturiennes, il se devait de les respecter pendant encore quelques temps. Il avait, avec une certaine exaltation anticipative, imaginé ce que cela serait une fois son propre régime installé. Perdu dans sa folie des grandeurs, il en avait presque oublié ses bagages. Arrivé avec son domestique personnel, valet depuis de nombreux siècles, il le fit entasser ses valises sur un chariot, jusqu'à se rendre compte qu'il en manquait une.. Il avait payé un surplus de poids dans tous les aéroports qu'il avait traversé, car en effet le vampire transportait trois grandes malles à l'allure antique -et pour cause elles avaient quelque siècle- pleines de vêtements, de livres surtout et d'objets divers dont il aurait besoin dans la nouvelle demeure qu'il avait acheté sur place. Il aurait pu, bien évidemment, faire suivre tout cela par bateau, par camion, ou par tout autre moyen de transport du même genre mais il aimait rester à proximité de ce qui lui appartenait. C'était d'ailleurs l'une des raisons de sa présence ici. S'en était suivi un scandale, où il n'avait pas eu besoin d'élever la voix pour faire pleurer la réceptionniste. Forcé de se constater impuissant lorsqu'on lui annonça que sa valise était resté Los Angeles lors de son dernier changement de vol, qu'ils en étaient profondément navrés, que la compagnie allait bien entendu la retrouver mais que cela prendrait plusieurs jours, il s'en était allé dans un taxi jusqu'à sa maison, située tout au Nord de Forks, à l'opposé de la forêt, bien loin des clans de changeurs, d'indiens, et autres espèces du même genre. La maison semblait une construction typique du dix huitième siècle dans un style colonial absolument pittoresque. Grande, rafraîchie par un entrepreneur local sous sa demande, elle était habitable et très confortable. Posant ses valises dans le hall, il avait pris le temps de s'installer, de régler les menus détails et chargé Wilhelm du reste.
La logique aurait voulu que son majordome, comme il s'amusait parfois à l'appeler, aille récupérer sa valise suite au coup de fil de l'aéroport mais Heinrich avait tenu à s'y rendre lui-même, aimant leur air contrit face à sa mine implacable, aimant inspirer le respect. C'est dans ces circonstances qu'il retrouva la chose qu'il était venu chercher, un peu plus tôt que prévu.

Il l'aperçut d'abord sortant de l'aéroport et il en oublia sa valise. Il s'était arrêté un instant pour la regarder. Ses cheveux blonds auraient sans doute miroité de reflets magiques, si l'astre solaire avait daigné baisser les yeux sur sa beauté et l'éclairer de sa chaleur. Elle avait grandis, depuis la dernière fois. Vieilli n'était pas le mot juste, cela aurait laissé pensé qu'elle s'était enlaidie, et sa beauté n'avait au contraire cessé de s'épanouir à l'instar d'une fleur ou d'un fruit délicieusement sucré. Elle était habillé dans une robe de grande marque et portait des talons qui la faisait sans doute arriver à sa taille, quoi que le prince ne soit pas très grand pour un homme. Il l'observa alors qu'elle traversait le petit parc devant l'établissement. Elle se glissait entre les arbres, et cela lui rappela leur première rencontre en Bavière. Au début il l'avait trouvé attirante et, ennuyé par le temps, ennuyé par la vie, avait cru qu'il serait peut-être intéressant d'aller la taquiner. Elle lisait une pièce de Shakespeare, MacBeth, il s'en souvenait très bien. Il l'avait abordé en s'étonnant de sa lecture. Elle semblait si jeune...Depuis quand la jeunesse actuelle lisait-elle ce genre de classiques? La discussion était partie de la, et le vampire avait du se rendre à l'évidence: La jeune fille était intelligente, cultivée, tout en étant belle, bien plus que jolie. Trouvant ce nouveau divertissement à son goût, ils s'étaient pendant longtemps retrouvé au même parc, sur le même banc, et avait parlé de littérature, d'histoire, mais très peu d'eux-mêmes. Il connaissait son nom, et tout ce qu'il savait de sa vie, il l'avait appris en faisant des recherches sur elle. Lorsqu'un jour elle ne vint pas au rendez-vous, il en fut blessé. Il se raisonna, elle avait sans doute eux un empêchement et comme ils n'avaient pas échangé leurs numéros de téléphone -c'était loin d'être un réflexe de la part du prince et il ne possédait pas de portable, du reste- elle n'aurait pu le prévenir. Il revint donc le lendemain, mais à nouveau elle lui fit faux bond. Relativement blessé dans son amour propre, il s'y rendit tout de même le jour suivant mais se dissimula dans les arbres, juste par acquis de conscience. Pourtant, elle ne revint toujours pas...Il abandonna, frustré durant quelques jours, jusqu'à se décider à se rendre chez elle et d'apprendre la mort de ses parents. Il aurait pu, aurait du, pardonner cet écart à leurs habitudes, puisqu'il était on ne peut plus justifié mais il ne le fit pas. Il observa de loin l'enterrement, il la regarda, digne dans sa douleur, belle princesse des glaces, et se jura vengeance pour cet abandon. Il n'alla pas la consoler, ni même offrir son soutien. Il préféra la faire surveiller et, parfois, la regarder de loin, pensif. Ce à quoi il songeait, dans ces moments-la? Lui-même l'ignorait, et c'était peut-être mieux ainsi.

Ses affaires l'appelèrent ailleurs et il délaissa l'Allemagne, pour rentrer à Dacia, afin de mieux repartir ailleurs dans le monde. Cinq années passèrent, où il envoyait son fidèle serviteur la traquer sans un bruit. Ainsi il apprit ses débuts en politique, son élection à Forks. Forks...Ce que cette bourgade avait d'attirant, le vampire l'ignorait mais tout y convergeait toujours. L'endroit avait failli être le théâtre d'une guerre, d'un affrontement sanglant pour les beaux yeux d'une enfant. Il abritait aussi une communauté de vampire végétarien dont les alliés, la puissance relative, ne plaisait pas aux grands Volturi. Tout cela avait attiré le vampire roumain jusque dans l'état de Washington. Il était persuadé qu'avec l'appuis des Cullen, en présentant les choses d'une façon adéquate, il pourrait achever sa grande oeuvre. Mais tout venait à point à qui savait attendre, et s'il était effectivement présent pour des raisons politiques, cette jeune blonde avait suffisamment attendu son retour. Il ignorait si elle pensait toujours à lui ou non, il ne lui connaissait pas d'amant, encore moins de mari, et son orgueil ne pouvait tolérer que la réponse soit négative. Evidemment, elle était enfermée dans ce passé agréable qu'ils avaient pu partagé, et elle attendait avec espoir qu'il revienne. L'heure était venue.

Elle marchait, et il la suivait en prenant garde de ne pas se montrer. Ses talents vampiriques de rapidité aidait beaucoup dans cette tâche, et il sentait dans l'air flotter l'odeur de sa peur, de son angoisse. Elle pensait être suivie par quelqu'un de mal intentionné, sans doute son esprit s'échauffait-il déjà, dans une multitude de plan, réfléchissant à comment s'en sortir jusqu'au moment où elle s'arrêta nette. Elle semblait chercher quelque chose dans son sac, et sa douce voix s'éleva dans la nuit: « Qui…qui est là ? » Elle tremblait. Heinrich ne pu s'empêcher de sourire. Il la dominait sans même avoir besoin de se montrer, de lui parler. « Montrez-vous, j’en ai assez. » ordonna-t-elle, et il se glissa dans son dos. Heinrich laissa son souffle effleurer sa nuque, elle sursauta mais au moment où elle se retournait, il avait déjà disparu, ne laissant derrière lui qu'un vent d'effroi. Désormais elle tournait la tête dans toutes les directions, et à chaque fois qu'il le pouvait, il recommençait son manège. Cela dura une minute, peut-être deux, juste assez pour lui faire perdre tous ses moyens, juste assez pour l'angoisser si violemment qu'elle avait désormais sorti son arme, et qu'elle la pointait dans une direction totalement à l'opposée de celle où il se trouvait. Son doigt tremblait sur la gâchette et il décida de mettre fin à son supplice. « Pensez-vous vraiment être capable d'ôter une vie, très chère? » Sa voix était une ombre informe, et il apparut physiquement à l'opposé de l'endroit où elle se faisait entendre. Se découvrant, il savoura l'expression de son visage. « Nous pouvons en faire l'essai, allez y. » Dans un geste théâtral, il écarta les bras pour découvrir son torse. Il savait pertinemment que rien ne transpercerait sa tunique noire et bordeaux, et quand bien même cela ne le tuerait pas. La note du pressing, éventuellement, lui resterait en travers de la gorge mais certainement pas un quelconque ver de terre. « Moi qui espérait être mieux accueilli, vous me brisez le coeur bel ange... » continua-t-il, exagérant au mieux sa réplique dans un air faussement affecté. Cruauté ton nom est femme.
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Mayor Helga J. Sharp
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MessageSujet: Re: — Lock me in your heart » ✉ ft. Heini   —  Lock me in your heart » ✉ ft. Heini EmptyMer 10 Avr - 18:34









« When I sleep I dream of red eyes and skin that's colder than ice. When I wake he takes me by surprise cause he's been watching me all night. Each day I pray for rain so I don't feel the pain of waiting. And when he's gone I feel like everything that's real is fading.

And if he could read my mind he'd see how much I want to change. I hold my breath until the day ; there's nothing in my veins.

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~

Elle aurait juré avoir senti une présence dans son dos, ainsi qu’un souffle glacé, pas chaud, loin de là, s’imprégner au niveau de sa nuque. Ses sursauts devinrent très vite fréquents, et pour la première fois de sa vie, Helga Sharp commença à réellement perdre tous ses moyens. Elle était considérablement effrayée, et continuait d’ignorer par quoi exactement. Ou plutôt, par qui. Ses sens en alerte, ses petites mains désormais tremblotantes, Helga déglutit péniblement à mesure qu’elle sortait son arme à feu de son sac à main. Elle essaya de brandir son pistolet le plus rapidement possible, tétanisée à l’idée d’une possible agression, ou d’une simple incapacité à se défendre lorsque les circonstances l’exigeaient. Helga tenait fermement la crosse nacrée de l’arme, sans ciller un seul instant, de peur que l’inconnu ne profite de ce bref instant de faiblesse pour se ruer sur elle. Malgré l’hésitation, le doute, l’effroi, Helga persévérait à se faire menaçante. Et soudain, ce fut une voix qui la troubla déraisonnablement. Une voix qu’elle reconnue entre mille, froide, hautaine, sèche et masculine. Une voix rauque qui vous ferait tressaillir en un clin d’œil.

« Pensez-vous vraiment être capable d'ôter une vie, très chère? »

Sur ces mots, le beau visage de la mairesse pâlit. Elle fit volte-face, reconnaissant l’endroit d’où provenait ce timbre arrogant, son pistolet pointé en sa direction ; prête à tirer. Hors, la question de l’inconnu – qui n’en était plus un au final – la laissait muette. Il lui posait un réel dilemme. Serait-elle capable d’ôter une vie ? La jeune femme lui aurait craché une réponse positive, avec tout le mépris dont elle serait capable, si seulement elle savait encore quoi faire. Mais perdue comme elle l’était à l’heure actuelle, frémissant, sursautant au moindre haussement de voix, les jambes tellement tremblantes qu’elles manquaient de s’effondrer sur les dalles de béton sous ses pieds. Helga Sharp ne saurait si elle en était capable. Mais pour sauver sa vie, dans le but de se protéger, elle serait dans l’obligation de le faire.

« T…Tentez-moi, et vous le verrez par vous-même ! » rétorqua l’allemande de souche, une fois être parvenue à reprendre une certaine contenance. Helga défia son « agresseur » du regard, ses fins sourcils blonds foncés, son visage crispé en une moue agressive. Elle ne s’attendait pas non plus à la probable répartie cynique de son interlocuteur.

« Nous pouvons en faire l'essai, allez y. »

Cette phrase la foudroya, mais ce qui la fit à ce point réagir fut le moment qu’il choisi pour s’exposer sous ses yeux ébahis…Le visage d’Heinrich lui apparu, son corps, ses vêtements, son élégance naturelle. Et son sourire…La jeune femme songea durant un instant avoir tout bonnement perdu l’esprit et s’être abandonnée à la folie. Helga écarquilla davantage les yeux, comme subitement frappée par un électrochoc. Elle n’y croyait pas, non, elle ne pouvait y croire. Il l’encourageait nettement à lui tirer dessus, y prenait même un plaisir malsain à ainsi offrir son torse à ses balles. La mairesse ferma les yeux, et baissa instinctivement la tête vers un petit carré d’herbe fraîche située non loin de là à sa droite. Cette vision lui était bien trop pénible à vivre.

« Moi qui espérait être mieux accueilli, vous me brisez le coeur bel ange... »

Sa voix résonnait dans sa tête, et cette phrase, ces quelques mots se répétaient inlassablement, en boucle, dans son esprit ; envoûtant de ce fait ses sens, ses impressions, l’envoûtant entièrement. Dans d’autres circonstances, Helga en aurait rit. Cela l’aurait amusée de l’entendre espérer un meilleur accueil que celui qu’elle lui offrait, une arme à feu pointée en sa direction. Mais qu’espérait-il, en réalité ? Qu’elle l’accueillerait à bras ouverts comme s’il ne s’était absenté qu’un week-end ? Ressasser ces horribles souvenirs relança son cœur palpitant, douloureusement blessé par l’abandon. Il l’avait abandonnée, et son cœur n’avait pas réussi à cicatriser, ni même à essayer. Il avait laissé une plaie béante en son âme, suppliant d’être comblée.

« Est-ce une hallucination… ? » susurra-t-elle faiblement, d’une voix à peine audible, comme si la jeune femme s’adressait en vérité à elle-même.

Il était là, devant elle, toujours aussi fringuant, habillé richement, aucune ride n’ornant son délicat et irrésistible visage d’origine germanique. Comme si rien n’avait changé depuis toutes ces années. Helga était pétrifiée. Impuissante, elle hésita à relâcher la pression de l’arme, et comme si son esprit en avait clamé l’ordre, l’arme retomba violemment à ses pieds en un claquement sonore. La belle blonde se sentait comme totalement vidée de ses moindres forces. Elle estima que toute cette mise en scène, devait certainement n’être qu’une hallucination ; oui, sans doute. Un vulgaire rêve, ou cauchemar, qui la hantait à nouveau. Ce ne pouvait être…

« Heinrich… »

Les lèvres rosées entrouvertes, Helga prit du plaisir à souffler son prénom, mais une drôle de sensation lui resta en travers de la gorge, cette dernière désormais nouée. Cela était à la fois plaisant et douloureux de prononcer ce simple mot, qui avait tant de signification à ses yeux. Elle se trouvait être tailladée par ces deux émotions radicalement opposés. Sans plus attendre, Helga émit un mouvement de recul, puis encore un, jusqu’à ce que ses talons ne purent en effectuer un nouveau, tant son dos venait d’heurter brusquement l’écorce dure d’un grand chêne centenaire. Apeurée, la mairesse laissa sa longue chevelure dorée contre cet arbre, et ne bougea plus d’un cil. Elle le fixait, et progressivement, voyait son image se troubler pour peu à peu devenir floue. Helga ferma ses paupières à de nombreuses reprises dans le but de se ressaisir, et de comprendre ce qui lui arrivait ; hors, ce n’est que lorsqu’une sensation d’eau salée se diffusa sur ses joues rosées qu’elle comprit à quel point il l’avait brisée. Elle pleurait. Des larmes roulaient sur son visage d'ange, sans vouloir s'arrêter, même devant ses silencieuses supplications. Pourtant, Helga luttait contre, elle aurait tout donné pour s'épargner cette humiliation ; mais tout venait...naturellement, sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit.

« Pourquoi es-tu… ? » siffla-t-elle avec colère, luttant intérieurement contre cette accumulation de tristesse, ce désir saugrenu de s’effondrer contre lui et de s’abandonner à sa souffrance. Elle souhaitait tant se réfugier dans ses bras, humer son eau de Cologne, lui dire à quel point il lui avait manqué, et à quel point elle n’avait pu oublier son visage, sa voix, tout. Elle l’avait aimé si profondément, que son départ l’avait anéantie. Helga avait cru être parvenue à l’oublier, à tirer un trait sur leur histoire, quelque peu chaste. Mais cela aurait sans doute été trop beau, ou bien trop demander au ciel. Elle avait longtemps prié pour ne plus souffrir ainsi, espéré qu’en se rendant régulièrement à l’église, Dieu, ou n’importe quelle autre divinité exaucerait ses désirs et mettrait un terme à sa souffrance. Pourtant, Dieu ne l’avait pas sauvé. Et même l’éloignement physique ne pouvait suffire à l’aider. Et maintenant qu’il se tenait droit comme un I en sa présence…Helga ne pouvait se permettre de se montrer faible, et d’accourir vers lui, et de l’implorer de ne plus jamais la quitter. Non, elle avait grandi, et était une femme forte. Elle lui en voulait tant. Elle l’avait tant détesté. « De quel droit te permets-tu de t’approcher de moi…Après tout ce que tu m'as fait ! »


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