Il faisait beau, et la jeune femme comptait bien en profiter pour se promener dans cette modeste ville, désormais sienne après une campagne politique harassante. Helga Sharp, habillée d'une charmante robe d'un orange vif doté d'un léger décolleté en col V, se dirigeait d’un pas rapide jusqu’au trottoir d’en face, traversant une belle avenue parsemée de grands chênes majestueux et de petits buissons. Ses hauts talons gris acier frôlèrent l’étendue d’herbe fraîchement coupée, que les vastes rayons solaires éclairaient sur sa route. Elle vérifia brièvement par où elle passait, les yeux rivés sur son réseau social favori : Twitter. Helga était tout bonnement incapable de se désintéresser de l’actualité politique, en particulier lorsque son nom était mentionné. Ses doigts vernis tapotèrent nerveusement les touches noires de son BlackBerry, alors qu’elle franchissait les grandes portes de la bibliothèque de Forks. Cette petite bourgade possédait une splendide bibliothèque, remplie d’anciens ou des plus récents ouvrages, sur tous les thèmes inimaginables. Ses chaussures résonnèrent dans l’entièreté du lieu, tapant contre le vieux parquet. Helga observa silencieusement les grandes fenêtres couvertes d’épais rideaux en velours verdâtres, des lampes suspendues au plafond, et des interminables rangées de livres, dont certains s’avéraient être encore bien poussiéreux. La mairesse ne se focalisa pas trop longtemps sur la décoration de la bibliothèque pour ne pas oublier le but premier de sa visite aujourd’hui. Elle avait un livre à chercher aujourd’hui, et c’est pour cette raison que la mairesse ne fut pas surprise de voir la gérante des lieux s’avancer en sa direction dans sa robe violette.

« Mademoiselle Sharp, je ne vous attendais pas si tôt ! » souffla la bibliothécaire, assez étonnée mais néanmoins ravie de pouvoir conclure aussi rapidement une affaire avec la mairesse de Forks. « J’ai ce que vous recherchiez, attendez juste un instant… » reprit-elle avant de s’interrompre naturellement, fixant à la fois la mairesse et un coin de la pièce. « Suivez-moi, ce sera plus pratique. J’ai à vous parler de certaines choses concernant la bibliothèque, car comme vous le savez, elle n’a pas été rénovée depuis quelques décennies déjà, et cela ne lui ferait pas un grand mal d’être réaménagée…J’ai une vision plutôt moderne de notre nouvelle bibliothèque, vous savez… »

Helga adressa à la bibliothécaire un sourire aimable, quoique légèrement hypocrite, et tendit sa main dans le but de serrer la sienne. Cette dernière écarta les bras et désigna alors le bureau au fond à droite, où un ordinateur était encore allumé. La mairesse tourna les talons, et la suivit sans plus attendre, dardant ses iris perçants sur le visage aux lèvres pincées de la surveillante, tout en étant extrêmement attentive à ses moindres réclamations. Réaménager cet ancien et honorable lieu l’enchantait, à vrai dire, et elle acquiesça de ce fait d’un simple hochement de tête aux propositions de la vieille bibliothécaire. Elle s’apprêta même à lui répondre positivement lorsque la dame en violet décida de l’abandonner près du bureau, face à l’ordinateur quelques instants afin de récupérer l’objet de convoitise de la mairesse. Un splendide livre ancien relatant de vieilles légendes urbaines, qui la fascinait tant.

Helga émit un soupir ennuyé, commençant à trouver le temps long, jusqu’à ce que quelque chose l’interpelle non loin de là. Un visage familier, une chevelure brune tirant sur le châtain la fit nonchalamment sourire, car Helga reconnaissait cette jeune fille. Elle s’empressa de se diriger vers une des larges tables en bois vernis, habilement sculptées et entreposées aux quatre coins de la pièce. Une fois avoir rejoint la jeune fille, Helga posa sa main sur le dos de la chaise dans laquelle cette dernière était assise. La table où se trouvait sa jeune protégée se trouvait tout près d’une fenêtre donnant sur le Tillicum Park. Helga en apprécia brièvement la vue avant de porter son attention sur la brunette, intriguée par sa présence dans ce lieu.

« Morganne ? » dit-elle d’une voix douce. « Quelle agréable surprise ! Dis-moi, que fais-tu ici ? Tu n’as pas cours cette après-midi ? »