Il n’y avait… Que le bruit du vent dans les branches. Ou non… Le crépitement de l’écorce sur les arbres, comme si soudainement, Myung Soo pouvait l’entendre pousser le long des troncs ou se fissurer sous la mousse. A chacune de ses respirations, une légère buée blanche s’échappait d’entre ses lèvres et par-dessus son écharpe, ses joues d’ordinaires pâles étaient légèrement rougies de froid.

De ses mains glacées, Myung Soo tenait l’un de ses appareils favoris pour ce genre de scènes. Quel genre ? Le spectacle de la forêt. Et celle-ci était… Il ne saurait pas l’expliquer en réalité. Elle semblait vivante, mais dans le bon sens du terme. Pendant ses jeunes années, il avait eu l’occasion d’aller jusqu’au Japon où il avait visité la forêt d’Aokigahara, terrible, cruelle et inquiétante. Il s’était sentit oppressé comme si un poids lui avait pesé sur la poitrine. Ici c’était très différent et rien qu’à le penser, Myung Soo inspire à plein poumons.

L’air un peu froid vient ouvrir grand ses alvéoles, l’odeur du bois, de la sève… Il était le genre d’homme à aimer son petit confort chaud et doux mais ça… C’était quand même quelque chose quoi. Quelques brindilles sèches craquent sous ses pieds alors que Myung Soo fait quelques pas, relevant son appareil devant son visage pour prendre quelques clichés. Le son de l’obturateur trouble un peu la quiétude du moment, interrompant la course de cette écorce grondante et un petit sourire passe sur son visage.

A son poignet, à chaque mouvement, le tintement des perles de bois de son bracelet. Rondes et carrées, taillées et décorées à la main, fixées sur des laçages en cuir tissé et accompagnées de quelques minuscules plumes taillées. C’est Dakota qui le lui avait offert et Ihn Kyang avait reçu le même. C’était bête mais depuis, il s’en séparait assez peu. Il y avait des cadeaux comme ça…

L’appareil est à nouveau porté devant lui mais soudainement, un bruit qui n’aurait pas dût être là et Myung Soo sursaute, se retournant vivement vers la source de ce trouble ! Il est encore stupéfait une minute lorsqu’il découvre Dakota, justement ! Comme s’il avait suffit qu’il pense à lui pour que le grand quileute ne survienne tout à coup ! Son air surprit se mût en un petit sourire mutin lorsque Dakota semble désolé et Myung Soo reconnaît :


Il se détend néanmoins, tournant à nouveau le dos un instant à Dakota pour revenir prendre son cliché, fixant son point d’horizon et de contrôle dans un endroit bien précis mais probablement invisible pour d’autres yeux, pour le moment. Un rire s’échappe de ses lèvres à entendre Dakota plaisanter à propos des « couleurs » raciales et à propos du daltonisme :


Myung Soo lève les yeux pour observer les cimes, ou du moins ce qu’il peut en voir… Essayant un peu de se représenter la scène même s’il reconnaît :


Il revient néanmoins à Dakota, tournant à nouveau la tête vers lui quand ce dernier lui fait son petit speech sur la sécurité des lieux et tout le blabla. De fait, relâchant son appareil d’une main, Myung Soo vient montrer son poignet, agitant un peu le bracelet qui l’orne.


Et plus sérieusement :


Myung Soo a un petit clin d’œil pour le Quileute, relevant l’appareil pour le prendre rapidement en photo. Et à propos d’Ihn Kyang :


Il était probable également que quelques mères d’élèves soient ravies de le croiser non ? Dakota étaient de ces hommes qui semblaient être de véritables forces de la nature. Associé à cela, il avait cette petite attitude pas dédaigneuse mais… Il ne saurait pas vraiment l’expliquer. C’était juste Dakota… Et pourtant, c’était tellement plus compliqué que ça. L’être humain était déjà souvent complexe mais il lui avait toujours semblé que celui-là en particulier avait… Quelque chose… Peu importe.

Le coréen sent Dakota le rejoindre encore, posant son menton contre son épaule et à sa demande il vient faire rouler la molette permettant de passer de la photographie aux slides de ses prises. Il les remonte à reculons, commençant par le cliché qu’il venait de prendre de Dakota, remontant tout doucement… Et à le sentir bouillant contre lui, il signale :


Lui avait une veste, une écharpe et pourtant, après la journée passée ici il était frigorifié. Dakota se baladait assez sommairement vêtu et semblait pile dans son élément ! La seule raison pour laquelle il ne s’en étonnait pas, c’était surtout qu’il ne s’en étonnait « plus », en réalité. Se retournant finalement, il vient dégager une feuille coincée près de l’encolure, taquinant :


Quant à cette histoire d’autoportrait… Myung Soo a un petit haussement d’épaule.


D’ailleurs :


Non, il n’avait pas de complexe à se retrouver de l’autre côté de l’objectif même si forcément, œil du photographe oblige, sa place préférée était du côté de celui qui prenait les clichés.


Parce que… Hé bien après une seconde d’indécision, Myung Soo fait quand même remarquer :


Incroyable comme ils se tombaient dessus souvent… Alors qu’avant leur première rencontre, ils avaient passé près d’un an sans jamais se croiser…

Un sourire vient décorer les lèvres de Myung Soo tandis que soudainement, posant une main sur son cœur et venant lui cacher la vue, Dakota lui demande de quelle couleur il voyait la forêt, à présent. Désolé mais ça ça faisait très cliché amérindien non ? N’empêche que c’est amusant et que Myung Soo inspire à peine poumon, l’odeur de sève, de bois vert ou mort… Mêlé au parfum de Dakota, cherchant peut être à puiser l’inspiration dans quelques indices olfactifs. Et finalement hé bien…


Dakota n’avait pas l’âme psychédélique peut être ! Ou simplement, Myung Soo ne le voyait pas autrement que dans son environnement « naturel » et il se ferait mal de le dénaturer, justement.

L’autre homme continu son petit sermon et bon, honnêtement, Myung Soo ne l’écoute que d’une oreille assez distraite. Pas qu’il soit imprudent ou qu’il pense que Dakota exagérait… Mais son compagnon était toujours à le mettre en garde lorsqu’il s’aventurait dans la forêt et/ou dans les montagnes ou ce genre d’endroit. Parfois il plaisantait en disant qu’ils n’étaient pas mariés, qu’il faisait encore comme il le voulait… Et d’autre fois il se faisait plus ferme et plus sérieux pour que ça cesse. Ce n’était jamais une volonté de mal faire chez Dakota mais par moment il lui semblait que ce dernier pouvait être très… Intrusif. Jamais pour faire mal encore une fois… Juste… Pour une crainte qu’il pensait lui-même irraisonnée.


Sur le ton un peu las de celui qui n’a qu’à demi écouté, de toute façon. Et de toute façon, pour cette fois, Dakota abandonne, ce qui le fait rire un peu alors qu’il acquiesce au sujet d’Ihn Kyang. Le bon côté c’est que du coup il allait pouvoir travailler sur ses tirages un peu plus longtemps du coup.

Myung Soo garde les yeux sur l’écran de son appareil, faisant défiler doucement pour que Dakota voit. Il n’allait pas « tout » lui montrer, il y en avait trop… Mais quelques unes quoi. Et puis il se passe ce petit truc inexplicable… Ce petit moment assez intime pendant lequel Dakota vient passer ses bras autour de sa taille, faisant communiquer leurs deux chaleurs (surtout la sienne !), restant calme et sage, visiblement pas troublé alors que cette attitude n’était… Pas tellement amicale, aux yeux de Myung Soo. D’ailleurs il est troublé un instant… Mais finalement, le plus troublant n’était-il pas qu’il ne s’en détachait pas ? Les premières fois il l’avait fait, partagé entre la gêne, la surprise et la pudeur. Et puis maintenant non. Ca aussi ça semblait faire partit de ce qui était étrangement devenu presque normal. Avec un autre que Dakota ça n’aurait peut être –sûrement- pas fonctionné mais là voilà. Du coup il ne dit rien, fait silence… Et attend que le jeune homme le relâche de son étreinte de lui-même.

L’instant s’arrête sans se briser, partant sur des plaisanteries et de gentilles bousculades alors que Myung Soo lui-même vient pousser un peu Dakota par petite vengeance perso, sourire aux lèvres toujours. Il avait eu de la chance de le trouver, mine de rien. Ses semaines lui paraissaient toujours moins longue à présent et son intégration lui semblait plus facile. C’était sûrement juste psychologique… Mais quand même, ça comptait. Et puis Ihn Kyang adorait cet homme quoi.

Dakota le surprend ensuite un peu en lui demandant une ou deux photos d’Ihn Kyang et lui et Myung Soo finit par rigoler devant la gêne évidente du jeune homme !


Et de fait :


Il n’avait pas besoin que les photos soient « parfaites » d’un point de vue technique. D’ailleurs :


C’est vrai… Il n’avait jamais rechigné à ce qu’on le prenne en photo mais il ne se trouvait pas non plus à tomber par terre dessus quoi. Sur celles de Dakota non plus mais il y avait quelques petites choses qui ressortaient. Parfois de la douceur, d’autres fois quelque chose de plus vifs et/ou de plus fort. C’était difficile à décrire mais les photos que Dakota avait prises d’Ihn Kyang et lui lui faisaient toujours quelque chose. Ou bien là encore c’était psychologique. Mais tant pis… Parce que c’était bien comme ça.

Dakota lui explique ensuite la raison de sa présence et Myung Soo acquiesce, bien qu’il soit un peu surprit que la réserve fasse appel à des membres lambdas (c’était pas péjoratif mais Dakota était garagiste quoi, pas policier ou un truc du genre !) pour ce genre de chose.


Bon… OK ! Ils n’avaient pas tout à fait le même gabarit quoi qu’en taille Myung Soo ne fut pas à plaindre. Mais quand même… Si un chasseur ou quoi lui tirait dessus sans faire exprès, Dakota n’était pas plus résistant aux balles que lui.

Son appareil lui échappe… Et il est surprit par le flash tandis que Dakota le fixe sur la carte mémoire ! Il rit… Mais s’interrompt parce que décidément, Dakota mettait doucement un nouveau pied plus près dans sa bulle. Et visiblement, il en était tout aussi surprit que lui. Le compliment lui avait plût, ce qui était une autre étrangeté de l’instant… Et parce qu’il n’avait pas envie que Dakota s’imagine qu’il l’avait ma prit ou quoi, Myung Soo récupère son appareil avant de venir prendre son bras du sien, posant une seconde la tête sur son épaule avant de se redresser un peu.


Pour ce qui était du froid :


Ho mais d’ailleurs :


Oui bon… Deux ans qu’il était ici, avec une cheminée chez lui et il avait toujours peur de l’allumer tout seul ! Du coup c’était seulement si Dakota était à la maison pour s’en occuper ! Il l’allumait en arrivant, l’entretenait et l’éteignait en repartant ! Du coup c’était clairement une invitation, même si ça n’en avait pas l’air !


Il avait justement été livré par l’épicerie coréenne la veille. Heureusement qu’internet existait pour les expatriés dans son genre !

C’est tout bête… Mais Myung Soo adorait lorsque Dakota faisait ça. « Ca » quoi ? S’intéresser à ses photos. A cette passion dont il avait finalement fait son métier à force d’effort et de travail. Et l’amérindien semblait ne pas devoir se forcer pour le faire. Il faisait preuve d’enthousiasme, d’esprit critique quoi que ses réflexions étaient plus souvent positives qu’autre chose (c’était bien aussi !) et son intérêt ne semblait pas feint, que ce soit par goût de la photographie ou par désire de s’intéresser à ce qu’il faisait.


Et avant que Dakota ne dise quoi que ce soit, il prend un petit air désapprobateur, son accent coréen se faisant un peu plus rude alors qu’il gronde un peu :


Puis prenant une voix plus enfantine empruntée à Ihn Kyang :


Voilà ! Ca lui épargnait le petit sermon ! Ca le fait même rire alors qu’il prend une seconde appui contre le torse de l’homme, tournant à demi la tête vers lui. Il y avait une réelle complicité entre eux et même si parfois ils pouvaient éventuellement se taper sur le système, ça n’entachait pas vraiment leur lien.

En tout cas, cette histoire d’album semblait plaire à Dakota qui en rajoute un peu, suggérant qu’ils écrivent des petites choses et Myung Soo acquiesce, promettant :


Ca avait l’air d’un cadeau un peu nombriliste mais bon ! C’était pas ça quoi… C’était juste… Un petit quelque chose d’eux. Dakota était un vrai repère ici. Même si Myung Soo était là depuis deux ans, il avait parfois un peu le mal du pays sans avoir néanmoins le désire d’y retourner. Il pouvait de temps à autre se sentir terriblement étranger à Forks et ses alentours. Bien sûr c’était le cas mais on s’entendait sur le fait qu’à présent, Myung Soo avait la double nationalité et qu’il aimait à se considérer comme à demi américain, malgré tout.

Après il fallait relativiser : Myung Soo ne parlait pas de racisme ou de rien du genre. C’était simplement une petite impression latente d’être… Tout simplement en marge. Comme hors du temps ou de certaines considérations. Peu importe…

Myung Soo rebranche, acquiesçant finalement à propos de photos potentiellement prises par Dakota s’il laissait ses appareils traîner un peu.


Le coréen à un clin d’œil pour son ami, sachant déjà qu’il jouerait volontiers les model pour son bébé ! Le dit model se veut alors rassurant par rapport au fait qu’il « patrouillait » dans cette forêt. Pas seul ? Mouais, il en avait quand même salement l’air mais pour l’occasion, Myung Soo garde le silence. Il venait de se moquer un peu de Dakota qui lui faisait la moral alors il n’allait pas faire pareil. La différence était malgré tout notable à son goût parce que Dakota semblait… Le prendre pour une petite chose en porcelaine parfois ! Il était le genre d’homme à sursauter lorsqu’il se coupait, comme s’il s’était lui-même blessé ! Bref…

Ils marchent donc quelques instants, dans un silence relatif compte tenu du fait que la forêt savait se faire bruyante à sa façon. Et malgré tout, Myung Soo se devait d’admettre :


Mais on en revenait au côté parfois surprotecteur du Quileute, probablement. Ils débouchent finalement sur une petite zone dégagée et… Toute préservée du reste du monde lui semblait-il ! Myung Soo a un petit « ho ! » charmé, se détachant de son compagnon pour faire quelques réglages sur son appareil histoire de prendre de jolis clichés de manière adapté.


En fait, c’était le genre de petit paradis vert comme on en voyant souvent que dans les films ! Un peu féérique, à l’abri des regards… Le genre qu’il ne saurait probablement jamais retrouver seul. Myung Soo commence à prendre quelques photos, prenant tout son temps, riant à propos de la laisse et des jappements !


Il tourne la tête une seconde pour tirer la langue au Quileute, en revenant toutefois rapidement à son appareil, concentré, faisant silence de longues minutes sans répondre à propos de ses talents culinaires, ignorant le bout de ses doigts qui commençaient à être gelé et le vent qui s’engouffrait plus facilement à cet endroit. Il y a ainsi une poignée de minute où son esprit vagabonde sur leur conversation et… Myung Soo relève finalement la tête, songeant à ce qui s’était produit un peu plus tôt :


Ca ne l’étonnait que peu qu’il puisse tomber malade compte tenu de sa tenue mais bon… En tout cas, passant la bandoulière de son appareil autour de son cou, Myung Soo cesse de ne penser qu’à ses petits délires de photographes, assurant :


Du moins allaient-ils rejoindre leurs voitures respectives. Myung Soo rentrerait chez lui pour sortir sur l’ordinateur ses photos et faire un premier tri parmi les row. Dakota, s’il le souhaitait toujours, irait chercher Ihn Kyang. D’ailleurs, songeant à ce dernier, Myung Soo sent une vague de colère le prendre alors qu’il explique soudainement, sans crier gare :


Pour soustraction d’enfant. Incroyable non ? Mais ils en avaient le droit dans la mesure où ils pouvaient prouver que Myung Soo les empêchait de voir leur petit fils. Du coup, un peu rageur :


En réalité, les chances pour qu’ils obtiennent le droit de faire rapatrier Ihn Kyang (et donc Myung Soo !) étaient plus infimes que jamais mais ça suffisait à faire naître la panique en luis.