Personne ne peut savoir si le monde est fantastique ou réel, et non plus s’il existe une différence entre rêver et vivre. Alors peut-être que ce que je pense vivre depuis presque un siècle est un rêve mais il est le plus beau rêve qu'il m'eut été donné de faire.

Tout commença le 19 Septembre 1915 dans le Tennessee, ce fut à la première heure de ce jour que mon rêve commença, que je découvris pour la première fois, la sensation de faire rentrer de l'air dans mes poumons. Cette sensation qui vous arrache, pour la première fois, un cri qui fait sourire tout le monde. Ce cri qui signifie que tout va bien, que vous êtes vivant. Bien sur je ne me souviens pas de cela, il m'est déjà dur de repenser à tout ce qui s'est passé avant mon accident alors cette péri0de de ma vie reste pour moi la plus floue. Il m'arrive parfois de revoir quelques images plus ou moins nettes de mon enfance. Je me revoie parfois en compagnie de garçons qui me ressemblent et d'une petit fille ayant les mêmes pommettes que moi, ces personnes étaient sans doute de ma famille mes frères et ma soeur, je suppose. Il m'arrive aussi de me revoir travaillant à quatre pattes sous une chaleur suffocante. Après avoir fait des recherches sur la région du Tennessee, j'ai découvert que des lignes de chemins de fer ont été créé du temps où j'étais un adolescent, je pense y avoir participé mais je ne pourrai jamais en être sur. Mais la chose dont je suis persuadé est que je suis loin d'avoir été le meilleur enfant que l'on puisse avoir. Il m'est arrivé, quelques temps après ma transformation, d'entendre des cris de femmes. Ce n'étaient pas le même genre de cris que j'avais moi même poussés en découvrant le monde. Ils étaient plus sur le ton de la réprobation. Je pense que c'est ceux de ma mère, ceux qu'elle criait quand je revenais en compagnie d'une fille que personne ne connaissait, totalement ivre. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'était moi. J'étais un de ces adolescents qualifiés de sauvages. Je n'avais pas prévu à cet instant, que ma vie, ou mon rêve, allait prendre un autre tournant.

Comme à notre habitude, mes frères et moi avions l'habitude de chasser l'ours. C'était certes la chose la plus dangereuse qui soit surtout quand on y allait tout seul mais nous aimions ça. Ce jour-là nous y avons été à trois et au moment de faire les équipes, j'avais moi même décidé de me mettre seul dans l'espoir d'avoir la gloire pour moi tout seul, la gloire de ramener la plus grosse carcasse à la maison. J'étais donc parti seul dans les hauts sommets de la montagne du parc des Appalaches pour trouver le plus gros ours de tout les temps et mes efforts payèrent, après quelques heures de marches, je repérai enfin cet ours que j'avais tant convoité, une bête énorme. Malheureusement trop énorme pour mon mètre quatre-vingt seize. Alors que je m'étais approché sans faire le moindre bruit et que j'avais préparé mon fusils de chasse, j'avais marché sur une brindille, une seule brindille qui produisit aussitôt un son impossible à cacher. La bête se retourna alors sur moi et comme si elle connaissait mes intentions, elle se jeta sur moi sans que je ne puisse rien faire. Je tentais tant bien que mal de la repousser mais je savais que je n'avais aucune chance de survivre, elle devait faire plus de cinq fois mon poids. J'étais voué à mourir dans la souffrance et sans que personne ne me retrouve. Je m'entendais pousser des cris, les plus horribles qui pouvaient exister au monde. Ils n'avaient rien à voir avec ceux que j'avais poussé à ma naissance. Ainsi mon rêve commençait avec des cris et finissait avec. Car après plus d'une heure d'atroces souffrances, plus d'une heure à sentir les crocs de l'ours entrer dans ma chair, à m'arracher des lambeaux de peau, à sentir mon sang déserter mon corps, j'entendis la voix d'un ange, un ange venu pour me chercher et m'emmener de ce monde où l'on ne revient pas. Mon rêve se transformait en cauchemar, je me mourrais. MORE...