17 mars 2002"Maman ! Maman !
-Maman dort Lily.. "
La petite Elisabeth venait de rentrer de l'école, ses grands yeux noisettes pétillants de joie. Elle jeta un regard curieux à son père qui était en train de mettre plusieurs dossiers dans des boîtes en carton, des questions plein la tête. Elle avait entendu ses parents parler de déménagement, ils avaient trouvé un petit appartement dans une ville avec un nom bizarre, un ville d'un autre pays.. Elisabeth avait très envie de découvrir ce nouveau pays ! Elle avait aussi entendu qu'ils comptaient déménager parce que son père avait des soucis avec d'autre messieurs.. Elle ne savait pas quel était son métier mais elle était persuadée qu'il était agent secret ! Il se battait contre les méchants et tout ceci sans que personne ne le sache !
"Tu ferais bien d'aller te reposer aussi, demain est une grande journée ! Nous changeons de maison !
-C'est vrai ?! Est ce que la maison où on va est belle ?
-Oh oui, très belle et très grande tu verras ! Maintenant va poser tes affaires, va manger un bout et va te coucher !
-Mais il fait encore jour..!
-Il vaut mieux que tu te reposes, demain est une grande journée !
-D'accord..."
La petite eut une moue déçue et se rendit dans sa chambre comme son père le lui avait demandé. Ses frères et sa soeur dormaient déjà, visiblement. Elisabeth avait tellement hâte de voir sa nouvelle maison ! Elle aurait sa propre chambre à elle toute seule, ça sera tellement amusant ! Tout allait aller tellement mieux dès maintenant..
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28 mai 2003"Maman, pourquoi Papa n'est toujours pas rentré ?
-Je n'en sais rien Elisabeth. Il sera sûrement là demain. Vas te coucher, il est très tard. Tu verras, quand tu te lèveras demain Papa sera là.."
Cela faisait désormais cinq jours qu'Elisabeth entendait cette phrase, et pourtant son père n'était toujours pas rentré. Ah, le métier d'agent secret devait lui prendre beaucoup de temps... Non. Non, il n'est pas agent secret. Les agents secrets ne mentent pas à leurs enfants. Lui, il avait menti à Elisabeth. Sa chambre n'était pas belle et grande. Elle était même pire qu'avant. Elisabeth n'aimait pas la ville dans laquelle ils avaient emménagé. Une ville avec un nom bizarre. Forks.
Forks est bizarre. Elle n'aime pas ce nom. Les habitants de
Forks sont bizarres. À l'école, école située à vingt minutes de la ville, tous les élèves se moquent de l'accent d'Elisabeth, et elle n'aime pas leur accent. Ils parlent n'importe comment. Elle n'a pas d'amis, les autres enfants sont méchants avec elle. Et les professeurs sont bizarre. Elle a beaucoup de mal à suivre les cours..
Elle n'avait toujours pas sa propre chambre. Elle dormait avec ses frères sur un grand lit au matelas dur, alors que sa petite soeur dormait avec ses parents. Elle dormait avec ses parents parce qu'elle faisait des cauchemars, la petite Maisie. Mais Elisabeth aussi faisait des cauchemars, pourtant elle ne dormait pas avec ses parents...
Si seulement son père était à la maison.. Non ! Non, c'est un menteur ! Mais si elle le boude, qui pourra lui faire des câlins réconfortants..? Pas Papa. Non, elle boude justement Papa. Maman ? Non, Maman veut être seule dans la cuisine, seule avec une bouteille bizarre avec un liquide orange dedans. Elle boit beaucoup de ce liquide, il doit être bon..
Elisabeth allait entrer dans sa chambre quand elle entendit que l'on toquait à la porte d'entrée. Papa ?! Elle entra dans sa chambre et la laissa entrouverte, regardant d'un oeil grand ouvert la scène qui se déroulait sous ses yeux. Sa mère avait été ouvrir, et Elisabeth s'aperçut qu'il ne s'agissait pas de son père. C'était un grand monsieur, un policier peut-être ! Elle tendit l'oreille, espérant capter ce que se disaient les adultes.
"Madame Henry, Esther Henry ?
-Oui, c'est moi.
-J'ai des nouvelles concernant votre mari."
Le grand homme tourna son regard vers la porte entrouverte qu'Elisabeth s'empressa de refermer. Flûte ! Elle n'entendait presque plus rien comme ça ! Elle se concentra pour entendre ce qui se disait mais les adultes parlaient à voix basse. Elle parvint toutefois à comprendre quelques brides de conversation, ses sourcils se fronçant sous la concentration. "Rue, nuit, animal, vide, sang, malheur, horreur,
mort." Ce fut tous les mots qu'elle comprit. Son visage était devenu pâle, très pâle. Est-ce qu'elle reverrait seulement un jour son père..? Elisabeth haïssait
Forks.
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06 juillet 2013Plus que quelques grandes foulées. Encore six. Quatre. Plus qu'une.. Elisabeth était chez elle. Elle ferma la porte à double tour et s'y adossa, complètement essoufflée. Puis un fou rire s'empara d'elle. Elle avait réussi, encore ! Franchement, elle ne savait pas à quoi servaient les caméras de surveillance de ce supermarché situé dans la ville voisine, c'est si facile de voler là bas ! Bon, certes, après il faut courir chez soi et ça fait quand même une sacrée trotte, il faut même s'arrêter pour faire des pause en espérant qu'aucun policier ne soit à sa poursuite. Mais c'est rarement le cas. Enfin quoiqu'il en soit, ce soir c'est pizza ! Elisabeth en avait profité pour "emprunter" le portefeuille d'une vielle femme qui faisait la file à la caisse. Oh, il fallait voir sa tête quand est venu le temps de payer mais que la pauvre femme ne trouvait pas son précieux argent ! La jeune femme avait failli éclater de rire, ce qui l'aurait fait remarquer. Alors elle s'était contentée de continuer à faire semblant de chercher des articles. Après elle était sortie du magasin en n'achetant rien, comme toujours. Son butin du jour ? Une cinquantaine de dollars, une pizza quatre fromages, un berlingot de jus de fruit et trois paquets de chewing-gum. Ses frères allaient être contents.
"Eh Elisabeth est rentrée ! "
Les trois enfants se précipitèrent sur leur grande soeur qui rit et ouvrit grand les bras, accueillant ses cadets. Elle leur donna a chacun un paquet de chewing-gum, s'attirait alors des cris de joie. Si seulement ils savaient comment elle se les étaient procurés..
"Ce soir on mange de la pizza !"
Et encore des cris de joie. Au moins ils étaient heureux, c'est bien là l'essentiel. Elisabeth se redressa et soupira en jetant un oeil au plafond. L'ampoule avait grillé, il fallait allumer toutes les lampes de la maison ou ne rien allumer du tout. La deuxième option coûtait moins d'argent. Et l'argent, il faut l'économiser surtout pas ces temps-ci. Il arrivait à Elisabeth de faire de petits boulots pour gagner un minimum d'argent, de quoi payer ses études au moins. Et sa mère ramenait tout juste assez d'argent pour s'occuper des trois autres enfants. Si son père était toujours là.. Elle secoua la tête et décida de ranger un peu. En particulier les bouteilles d'alcool qui traînaient un peu partout. Lorsque sa mère était là elle ne faisait que boire... D'ailleurs elle entendit le cliquetis des clés et jeta un regard à l'horloge fixée au mur. 17h58, elle avait de l'avance aujourd'hui. Esther Henry entra dans l'appartement, le regard vide de toute expression. Elisabeth se força encore une fois à sourire et s'avança pour saluer sa mère qui la regarda à peine quand elle lui baisa la joue. Mais Elisabeth ne pouvait pas se plaindre, pas devant ses frères et sa soeur. La femme passa rapidement une main dans les cheveux de ses enfants et partit s'enfermer dans sa chambre. Comme tous les soirs. Le sourire de la brune tomba et elle remit sa veste.
"Je sors un peu, ne vous inquiétez pas je serais rentrée avant que vous ne soyez couchés. Maisie, tu sais comment réchauffer la pizza."
Et elle sortit. L'air tiède de la saison lui fit pousser un soupir. Elle aussi il lui arrivait de mentir. Souvent même. Sauf qu'elle finissait toujours par revenir à la maison, elle. Elle décida de se mettre à marcher en direction d'une ville voisine, peu importe combien de temps ça prendrait, elle avait besoin de trouver un bar potable.
Et elle le trouva, ô grand miracle.
Elle passa une bonne partie de la nuit dans ce bar, elle s'y plaisait bien. Il n'y avait pas tellement de bruit, enfin c'est quand même un bar il y a
toujours du bruit, mais c'était supportable. Et pour une fois, aucun homme douteux ne venait l'aborder. C'est beaucoup trop de chance en quelques heures, il allait forcément se passer quelque chose ! Elisabeth supposa que rentrer avant qu'il ne se passe quelque chose était la meilleure des choses à faire. Elle posa quelques billets sur la table qu'elle occupait et se leva, enfilant ensuite son blousant puis elle sortit plus ou moins rapidement de la salle.
Elle ne voyait pas clairement à cause de tout l'alcool ingéré.. Trouble et sombre. Tout était trouble et sombre. Elle aurait bien aimé être à la place des personnes qui la regardaient du coin de l'oeil, la manière qu'elle avait de marcher devait être fort amusante. Sans vraiment savoir pourquoi et comment elle était arrivée là, elle se retrouva assise par terre contre un mur dans une ruelle peu éclairée. Au moins elle se sentait bien ici, et elle était si fatiguée.. Mais elle devait rentrer à la maison ! Elisabeth allait se relever lorsque elle entendit un cri. Elle n'avait pas rêvé, non, elle était sûre et certaine d'avoir entendu un cri ! Et c'était tout proche. C'était même à quelques mètres d'elle. Elle se pencha en avant et tourna la tête à droite.
Oh.
Oh Seigneur.
Qu'est ce que cette
chose ? Un.. Un homme était en train de se faire littéralement bouffer par quelqu'un d'autre..? Oh, l'alcool. C'est ça. Elisabeth soupira et se releva difficilement, décidée à rentrer chez elle en espérant que ces "hallucinations" cessent bientôt.
"Eh, toi !"
..Bordel de merde.