L'éternité comblait mon existence, comment ne pas l'être comblée. Ma fille se réveillait tranquillement dans l'autre chambre de notre cottage alors qu'Edward se délectait de pouvoir passer sa main dans mes cheveux, mon corps de brique lové avec perfection contre le sien, en plein milieu de notre chambre. Nous avions encore fait des folies, et heureusement que notre fille avait un sommeil lourd et peu agité. Il fallait continuer nos vies et le manque de soleil et de luminosité à l'extérieur sonnait comme le gong d'une journée à l'université. Je ne me plaignais pas des enseignements que je suivais, j'étais juste las de ne pouvoir partager une journée avec ma fille, même si je devais apprendre à la partager un peu plus depuis que sa relation avec Jacob avait évolué. Nous nous y attendions tous, il était juste difficile de la voir heureuse, impatiente à l'idée de passer du temps avec mon meilleur ami. Mais aujourd'hui, j'avais décidé de ne point penser à cela et de me concentrer sur l'essentiel de ma journée. L'université. Ce fut naturellement que mes lèvres se déposèrent sur celui de mon mari alors que nous nous dirigions vers la Villa. Pas besoin de déposer Renesmée qui partait en compagnie de Jacob au Lycée, il nous fallait rejoindre Seattle, pour nos cours... Comme tous les mardis, nous nous séparions souvent à contre cœur mais pour une courte durée de nos moitiés partageant des cours différent. Je laissais à contre cœur Edward alors qu'en compagnie de Jasper, je filais vers ce cours de littérature anglaise de la fin du XVIIIe siècle, période qu'il semblait connaitre, bien plus que les autres pourraient l'espérer. C'est dans un chuchotement à peine audible que je disais à Jasper.

ISABELLA ▬ « que la journée commence... »

Et ce comme à chaque fois que nous traversions la salle, les regards s'arrêtèrent sur nous, ou parfois ils nous évitaient, craignant le pire. Ils avaient raisons, même si je ne me souciais plus de cette faim qui brulait ma gorge. Assis au fond de cet immense amphithéâtre, je regardais d'un œil Jasper dont la soif continuait de le tirailler. Installée, je me tournais vers lui, alors que j'entendais les chuchotements de certaine fille enviant mon brushing. Outre le fait de me faire sourire, je ne m'attardais pas sur elles.

ISABELLA ▬ « tout va bien pour Alice ? »

Demandais-je alors que Jasper comprenait sans doute où je voulais en venir. Une question cachée pour savoir si elle avait eu d'autre vision, d'un futur plus sombre ou Volturi et ce groupe de vampire roumain dégradaient notre monde, la prospérité de ma famille, de ma fille et de mon mari.

Je savais déjà qu'Edward me manquerait, mais je préférais ne pas y penser, sinon je risquais réellement de me miner le moral, ce que je ne désirais pas au fond. Nous avions choisis des cursus différents, qui nous permettait une certaine liberté, même si c'était toujours difficile et que je désirais toujours le rejoindre, rapide. Comme avec Renesmée, elle me manquait toujours, mais j'apprenais petit à petit à la laisser vivre sa vie de lycée comme les autres, même si tout le monde le sait, ce n'était vraiment pas le cas. Je fermais mon esprit à tout cela, tout ce qui pouvait nous entourer, les regards, les chuchotements. On ne passait pas inaperçu et malgré ma condition de vampire, ce trait de mon caractère n'avait pas changé, je détestais toujours devenir le centre d'intérêt des gens. Parler d'autre chose, permettait d'occulter les autres, mais surtout d'en savoir plus sur ce qu'Alice pouvait lire, ou voir dans ses visions. Je m'inquiétais toujours un peu trop, mais la sureté et la sérénité de ma famille passaient avant tout.

JASPER ▬ « Et bien... Tout va bien, si on peut dire ça comme ça. Elle n'a rien vu depuis la dernière fois... » ce fut dans un ouf de soulagement, que je me laissais plonger après ses paroles.

J'osais espérer que les décisions ne soient pas prises, mais je savais également qu'Alice éviterait à tout prix d'inquiéter la famille si elle voyait quelque chose. J'espérais être avertie si le moindre mal pouvait se produire, tout de même. L'apaisement engloba alors mon esprit et mon corps, sans que je ne vienne à prendre conscience immédiatement de cela. Sauf que Jasper était douée et savait faire en sorte que mes angoisses disparaissent.

JASPER ▬ « Je n'aime pas trop ne pas être avec elle dans ce genre de moments. Elle peut avoir des visions vraiment terrifiantes et angoissantes et je suis le seul à savoir l'apaiser correctement... » Je laissais échapper une grimace face à ses paroles. Jasper n'avait vraiment pas tord.
ISABELLA ▬ « elles le sont autant ? »

Je prenais alors pleine conscience du genre de visions que pouvait avoir Alice et je m'en inquiétais. Me mentait-il pour me soulager d'une crainte grandissante. Je ne savais trop quoi penser, c'était une bonne chose, je me faisais assez de soucis pour cela. Discrètement je détournais mon regard pour regarder les humains qui nous entouraient. Ils ne se doutaient pas à quel point le monde pouvait être dangereux pour eux. Il valait mieux parfois ne rien savoir, même si dans mon cas, j'aurai aimé savoir tout, absolument tout de ce qui se préparait du côté des Volturi et de ses vampires roumains.

ISABELLA ▬ « Jasper ce n'est pas du jeu de jouer avec mes émotions. » Lâchais-je alors que je ressentais une vague d'apaisement un peu plus poussée qu'il y a quelques secondes. Je le fixais alors, appréciant finalement ce moment passé avec mon beau frère. « Alice a de la chance de t'avoir près d'elle, j'aimerai pouvoir être assez forte pour pouvoir contrôler ton don sur ma personne. »

Il est vrai que je m'étais toujours posée la question sur sa capacité à agir sur moi, alors qu'Edward ne pouvait lire mes pensées sans que je ne lui autorise. Ce n'était pas vraiment le sujet du moment, mais je crois bien que je ne voulais pas submerger Jasper de questions concernant les visions d'Alice, il devait s'inquiéter bien plus que nous tous de voir sa moitié hurler lorsqu'une affreuse vision la submergeait.